Une fable sur l’ennui
C’était le jour de l’an, le beau jour des étrennes.
Claire en reçut autant que les filles des reines,
Du matin jusqu’au soir l’enfant avait joué,
Elle avait tour à tour noué, et dénoué
La robe et les cheveux de sa grande poupée,
Avait fait la dinette, et surtout la lippée,
Et trempé les pinceaux dans la boîte à couleurs,
Et peint le nez du chat. Et malgré ses bonheurs,
Quand elle eut épuisée cette coupe de joie,
Hésitante à la fin, et comme à bout de voie,
On l’a vit tout à coup bâiller et soupirer ;
Elle s’arrêta lasse et se prit à pleurer !
« Que vois-je, lui cria sa bonne, de la pluie ?
Et j’entends des gémissements !
Et l’on pleure au milieu de tant d’amusements ?
- Ah ! dit l’enfant, toujours m’amuser, ça m’ennuie ! »
Sans labeur,
Court bonheur !
LOUIS RATISBONNE.
( les petites femmes.)
MAXIME
L’ennui est une maladie dont le travail est le remède.
CONSEILS PÉDAGOGIQUES
Explication du morceau : C’est une histoire de tous les jours ; il est prouvé qu’on se fatigue plus vite de jouer que de travailler. Car le jeu n’est qu’un repos de l’esprit, tandis que le travail, le labeur, est la source constante d’une joie véritable par les résultats utiles qu’il procure à ceux qui l’aiment.
L’auteur a donc bien raison de dire que sans labeur, le bonheur qu’on éprouve n’est pas de longue durée.
Explication des mots : — Lippée, repas de mets friands. – Coupe, vase à larges bords et de peu de hauteur. Ce mot est employé ici au figuré, car en réalité on ne boit pas la joie. A bout de voie, c’est-à-dire à bout de chemin, ne sachant plus où aller ni quoi faire. – De la pluie ! expression figurée pour des larmes.
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