Il était une fois un monsieur qui jouait du violon. Ce monsieur avait un fils qui se nommait Justin, et le petit garçon était bien heureux quand son papa lui jouait des airs de sa connaissance, tels que Marlborough, le Roi Dagobert, Au clair de la lune.

Alors Justin chantait, et le père accompagnait doucement la petite voix sur le violon. C’était très joli, et ne semblait pas du tout difficile.

Le papa n’avait qu’à placer le haut du violon entre son menton et sa poitrine, prendre le manche de l’instrument dans sa main gauche, dont les doigts touchaient les cordes l’unes après l’autre ; puis de la main droite prendre l’archet, et le promener sur le milieu des cordes comme ceci : en haut, en bas, en haut, en bas. Et le violon chantait tout ce qu’on voulait ! Cela paraissait si simple et si facile à exécuter, que l’enfant voulut jouer à son tour.

  • Donne, mon père, lui dit-il, donne ton violon, que je joue : Au clair de la lune, mon ami Pierrot.

Le père donna son violon, et le petit garçon le posa très adroitement comme il avait vu son père : le haut entre le menton et la poitrine, le manche dans la main gauche, l’archet dans la main droite ; une ! deux ! puis il joua !…

Mais quelle chose affreuse on entendit ! Au lieu du joli chant qu’on lui demandait, le violon ne fit que grincer, ronfler, crier, grogner, hurler !… Cela déchirait si horriblement les oreilles que le petit garçon, tout effrayé, courut rendre le violon à son père en lui disant : — Mais, papa, que faut-il donc faire pour qu’un violon chante de beaux airs ?

  • C’est bien simple, mon enfant, répondit le père, il faut apprendre à le faire chanter.

Mme PAPE-CARPENTIER.

 

 

MAXIME

 

Sans un peu de travail on n’a point de plaisir.

 

 

CONSEILS PÉDAGOGIQUES

Explication du morceau : — La plupart des enfants sont aussi naïfs que ce petit joueur de violon.

Voientils un artisan au travail, ils s’imaginent, en le regardant faire, qu’ils pourront manier l’outil aussi bien que lui. Et plus l’ouvrier est habile et naturel, plus la besogne qu’il exécute semble facile aux jeunes spectateurs.

A peine ont-ils essayé, qu’ils se trouvent aux prises avec des difficultés qu’ils n’avaient pas prévues.

 

Oui, pour qu’un violon chante de beaux airs, il faut apprendre à le faire chanter : pour faire l’apprentissage d’une profession, il faut du temps, de la patience et beaucoup de bonne volonté. Tout ce la, mais pas plus que cela.

 

Explication des mots :  Marlborough, Le Roi Dagobert, etc.., airs populaires, dont le premier date du commencement du XVIIIe siècle ; l’origine du second n’est pas connue. – Archet, baguette garnie de crins qui fait vibrer les cordes du violon.

 

Le nom de l’auteur de cette fable comporte un ( E ) CARPENTIER dans le manuel scolaire que j’ai sous les yeux. Et lorsque l’on fait une recherche sur internet, on trouve Mme CARPANTIER écrit avec un (A). Comment doit-on orthographier son nom ! Je n’en sais rien.